L’hypersensibilité, on en parle ?

Cela fait un moment que je voulais écrire cet article. Aujourd’hui, je me lance.

Avertissement : cet article est complètement personnel, ce n’est pas un guide, pas une référence, c’est simplement mon expérience, de mon point de vue, d’après mes connaissances. Je ne suis en aucun cas un professionnel du domaine.

 

Je me suis toujours senti en décalage par rapport aux autres. Par exemple j’ai toujours été vite fatigué, il n’était pas rare que les autres me traitent de « fainéant », par mes propres parents par exemple. Oui, je fatiguais vite, mais je ne me trouvais pas fainéant pour autant : si un sujet m’intéresse, je peux y passer beaucoup de temps et d’efforts. J’étais donc dans l’incompréhension. Je m’intéresse souvent à des sujets complètement variés, où la majorité des gens n’y trouveraient pas d’intérêt. Cela peut partir sur un sujet politique, scientifique, littéraire, artistique, théologique… Cela m’a longtemps causé des soucis à l’école, quand il fallait répondre à la question : « tu veux partir en 1ère S ou 1ère L ? » « Je ne sais pas, j’aime autant les deux… ». « Tu veux faire des études post-bac dans quel domaine ? » « Je ne sais pas, j’aime trop de choses… ». J’ai eu un parcours scolaire chaotique : j’ai fait des études d’ingénieur, puis dans les mathématiques, l’informatique, puis dans les sciences (biologie, chimie, un peu physique), pour au final être prof des écoles, finalement un des rares métiers qui me permet de faire tout ça à la fois. J’ai en parallèle touché à plein de trucs : j’ai développé mon premier site web au collège, site qui m’a rapporté environ 2000€ par mois à 13 ans, j’ai créé en parallèle de la fac mon entreprise de développement de sites web (matronix.fr était avant d’être mon blog le site vitrine de mes prestations, ouvert en 2009, un an après mon bac). J’ai touché au développement/hacking de consoles, en particulier les consoles portables où j’ai développé de nombreux jeux, j’ai programmé des robots sans fil qui pouvaient se déplacer par Nintendo DS, avec une caméra qui renvoyait toujours sans fil l’image sur l’écran du haut de la console. Au niveau de la scolarité je n’étais pas particulièrement un bon élève : je n’étais pas spécialement intéressé par les matières scolaires sauf rares exceptions, les profs ne m’appréciaient pas des masses, car j’avais toujours des questions dont ils n’avaient pas la réponse, et prenaient souvent cela pour de la provocation, alors que j’étais réellement intéressé par mes questions. J’ai été passionné par certaines périodes de l’Histoire, comme la seconde guerre mondiale. J’aime la musique, j’ai composé beaucoup de musique électronique. J’ai beaucoup écrit, des histoires d’horreur, des trilleurs, de la fantaisie, de la poésie. Bref, j’ai touché à beaucoup de choses. J’aime beaucoup de choses, mais à chaque fois jamais à fond : je ne supportais pas l’idée de se focaliser sur un seul domaine « à fond » et négliger le reste. J’ai mis très longtemps à me trouver le métier idéal, j’ai enchainé des dizaines de boulots différents : faire des états des lieux d’appartement livrés neufs, travailler en centre d’appels pour la fac, en hôpital psy, livrer des cuisines, travailler dans des milieux spéciaux type -40°C, dans la livraison de magasins de jouets, travailler en laboratoire, dans la recherche, etc, etc, etc. Pour toujours abandonner après quelques mois, car je n’en pouvais plus. J’ai vite compris qu’avoir un patron était impossible pour moi : je me prenais rapidement la tête avec, je trouvais ses instructions absurdes, je trouvais souvent une façon de travailler plus rapide, plus efficace, et le patron le prenait mal et cela devenait compliqué. J’ai tenté l’expérience d’être mon propre patron : cela fonctionnait, j’étais rentable, mais l’expérience ne me plaisait pas non plus, travailler pour gagner de l’argent n’était pas mon truc, ma motivation principale dans la vie n’étant pas l’argent mais le  temps. Avoir du temps libre est beaucoup plus important pour moi que gagner beaucoup d’argent, et en général les deux ne sont pas compatibles.

J’ai donc longtemps galéré, à chercher quelque chose qui me correspond. Puis enfin, la révélation, prof. Je touche à tout, je n’ai pas de patron (du moins je ne le vois pas), je travaille comme je le veux, j’ai du temps, etc. Beaucoup d’avantages pour moi, même si le travail reste difficile.

Au niveau de mes relations sociales, ça a toujours été compliqué. J’étais toujours l’ami des gens sans amis (j’ai toujours trouvé ces personnes plus intéressantes que la majorité), j’ai du mal à sortir, car les gens me fatiguent/saoulent vite. Actuellement je suis sur une période de célibat entamée depuis un moment. Cela me rend triste car c’est toujours plus sympa de partager sa vie, mais je n’ai pas le besoin comme beaucoup d’aller vivre des expériences légères on va dire.

Puis est arrivé un gros passage à vide il y a quelques mois, comme un besoin de faire STOP sur ma vie, besoin de prendre du recul, de comprendre certaines choses, car je me sens différent. J’ai été arrêté 2 mois, officiellement pour cause de dépression, bien que je ne me sentais pas dépressif. J’ai lu, j’ai travaillé mon développement personnel, j’ai pris de nombreux rdv chez le psy. Le verdict est tombé : précocité intellectuelle et hypersensibilité. BOUM, prends ça dans la tête et débrouille-toi.

 

L’hypersensibilité m’a expliqué beaucoup de choses. Quelqu’un d’hypersensible, c’est une personne qui ressent très fortement les émotions, quelles qu’elles soient. C’est une personne qui ressent fortement les stimulations extérieures, où ses sens sont très développés : un bruit, une odeur, une vision, etc. Mon psy m’a expliqué la chose avec une image que j’ai bien aimée : chaque matin, l’hypersensible se réveille avec par ex 15 allumettes. À chaque stimulation trop importante, on retire une allumette. Quand il n’y a plus d’allumette, c’est le moment où la fatigue s’installe très fortement, et peut causer des sauts d’humeur, parce que l’hypersensible n’en peut plus, et peut s’énerver ou s’irriter. L’hypersensible a également une très forte empathie, et peut ressentir les émotions des personnes qui l’entourent. Je me suis complètement reconnu là-dedans. Cela m’a fait comprendre pourquoi je ne supporte pas la télé (je n’en ai pas chez moi), pourquoi chez les gens je suis *obligé* de demander de couper la télé ou au moins de couper le son (et passer accessoirement pour un chieur), pourquoi j’ai beaucoup de mal à rentrer dans un centre commercial, pourquoi je ne peux pas écouter la radio, pourquoi la sonnette d’un voisin me procure une montée hyper rapide d’adrénaline, pourquoi je ne peux pas avoir de téléphone fixe, pourquoi mon portable est constamment en silencieux complet (sans vibreur donc), pourquoi je *dois* désactiver absolument toute notification sur mon téléphone, pourquoi je suis si mal en voiture, pourquoi en couple je n’arrive pas à gérer les moments de conflits : cela me développe tellement d’émotions que j’en suis submergé, et je perds toute analyse critique de la situation, et que je deviens complètement mutique et paralysé. Mon monde idéal n’est pas un monde silencieux, mais un monde où je contrôle le bruit. Je suis capable d’aller à un concert, mais je vais avoir beaucoup de mal à aller dans une soirée, où il faut sourire, rire, être marrant, discuter, s’intégrer. Au bout d’une heure je suis épuisé. Quand arrive le vendredi soir ou le we quand les gens sortent, moi je récupère de ma semaine. Je me suis longtemps cru asocial, en fait non, je suis sociable, juste qu’il faut que les stimulations extérieures ne soient pas trop importantes, et c’est rarement le cas. Une soirée idéale pour moi est une soirée calme avec des jeux de société par ex, dans un groupe de 3 ou 4 personnes, guère plus.

Je me trouve donc en gros décalage avec le monde actuel, un monde régit par la publicité, capitaliste, un monde qui va toujours plus vite. Je vis donc au ralenti, localement, avec mon vélo, dans un environnement calme.

Cela m’a fait beaucoup de bien de mettre un mot sur cette caractéristique. Cela permet d’adapter sa vie, de la rendre moins fatigante. J’ai remarqué qu’il est très difficile de parler d’hypersensibilité avec la majorité des personnes, car une personne non concernée ne comprend tout simplement pas. J’ai longtemps cru que tout le monde ressentait les choses comme moi, forcément nos ressentis sont là depuis avant notre naissance, c’est donc depuis toujours, on ne pense pas forcément à remettre en question cela. Comprendre qu’un conflit peut être reporté pour être réglé plus tard, quand les émotions seront redescendues. Comprendre que quand je ne parle pas, ce n’est pas que je ne veux pas parler, c’est que je suis dans un moment d’hyperstimulation, que je n’arrive pas moi-même à organiser ma pensée et mes émotions, qu’il faut juste me laisser un peu de temps.

Les filles voient souvent en moi quelqu’un d’intéressant car je les comprends, j’ai une bonne capacité d’analyse, je suis de bon conseil, je sais rassurer, je ne juge pas, des avantages apportés par l’hypersensibilité. Mais souvent la contrepartie (citée au-dessus) n’est pas acceptée.

Il y a encore un an, je n’avais jamais entendu le mot hypersensible. J’aurais gagné du temps sur ma vie si j’en avais eu connaissance avant. C’est donc un peu l’objectif de cet article. Je sais que je suis loin d’être un cas isolé, et si vous vous reconnaissez un peu dans ce que je dis, je ne peux que vous inviter à aller voir un.e psy. Je sais que la démarche est *très* compliquée, mais cela vous permettra d’avancer efficacement, et au final vous ne le regretterez pas.

J’ai mis quelques mois à accepter ce terme « d’hypersensible ». Je n’arrive toujours pas à accepter le terme de « précocité » cependant. L’un ne va pas forcément avec l’autre. Un.e précoce sera hypersensible, la réciproque n’est pas forcément vraie. Accepter ma précocité sera un prochain travail, mais elle ne me gâche pas la vie comme l’hypersensibilité pouvait le faire.

Aujourd’hui, je m’assume, je suis hétéro, pas homo, je ne m’empêche plus de ressentir les émotions. Je peux pleurer ou frissonner en écoutant une musique, je me laisse emporter par mes émotions. Jamais la musique, l’art ou le cinéma n’ont été aussi beaux. Je réapprends à écouter mon corps et mes sensations. Oui, je peux frissonner en buvant un verre d’eau, manger un bon plat peut me procurer des sensations incroyables. Je me laisse envahir par mes émotions positives, les larmes aux yeux peuvent certes monter vite, mais à côté de cela le monde parait tellement plus beau et agréable. J’ai fait le choix de ne plus regarder certains films ou séries, de m’éloigner des gens qui ne me comprennent pas. Être sensible ne veut pas dire être fragile ou timide, je sais me faire entendre ou être respecté. J’ai fait le choix de ne plus toucher aux produits qui changent mon ressenti des choses, typiquement l’alcool, car cela me dérègle complètement. Je me suis mis à la méditation. C’est incroyable les bienfaits qu’elle peut m’apporter, même juste 10 minutes. Cela m’apporte une énergie et un recul que je n’aurais jamais soupçonnés. J’apprends à ne plus me faire influencer par les personnes négatives. Bref j’organise ma vie différemment, et cela va beaucoup mieux.

12 comments

  1. Merci pour cet article.
    Je m’y reconnais dans pas mal de choses (pour l’anecdote je suis devenu Professeur des écoles un peu pour les mêmes raisons :)
    Ça fait un moment que je me tâte d’aller consulter, pour poser un diagnoctic peut-être, mais pour surtout pour essayer d’aller mieux.
    Car en vieillissant, j’ai tendance à devenir asocial, tant je n’arrive pas à gérer mes émotions, ma sensibilité.

  2. Très beau témoignage et très touchant, merci. Je ne suis pas concerné par l’hypersensibilité, mais j’ai une fille qui à 10ans qui est une vrai éponge émotionnel, elle capte toutes les émotions, pas autant que toi, mais ça me fait écho.

    Je te souhaite plein de bonne chose. Encore une fois merci.

  3. Je dois dire que ça donne à réfléchir.
    De mon côté, je me suis toujours sentis comme plus sensible ou émotif et je me retrouve dans ton commentaire. Je n’en suis pas au point de ne pas pouvoir écouter la radio, mais en lisant de ton expérience, j’ai mieux compris pourquoi dans certain moment, je peux paraitre distant ou froid.
    Je pourrais dire que je me suis créer une sorte de coquille où je contraints mes émotions, comme un instinct de survie.

    Quand j’entends ma famille régulièrement me dire que j’aurais été un bon professeur, que ça aurait été un bon choix, ça m’a toujours fait rire, surtout quand je te lis maintenant.
    Mais je ne suis passez courageux pour faire ce boulot ;)
    (A la place, j’ai réussi à me trouver un boulot qui me plait, sans trop de contrainte, itinérant dans le café, sans patron pour t’emmerder, et des horaires quelques peu flexibles.)

    Il me vient en tête une anecdote que j’ai vécu il y a quelques temps. On regardait un film avec mon ex, « Parents à tout prix » je crois, et où à un moment, les héros regardaient des vidéos de caméra de sécurité filmant des nourrices, l’une d’elle se mettant d’un coup à frapper un bébé.
    La scène m’a tellement surpris et choqué que j’en ai pleuré, et j’avais des envie de meurtre. Aujourd’hui, on en rigole, et ce n’était qu’un film, mais je comprends ton ressenti et me rends compte que je suis un peu dans ce cas.

    Pour finir, depuis bien longtemps, je m’étais déjà interrogé sur ce don d’être plus sensible que semblait l’être la moyenne, et je pensais (et l’espère encore) que la plupart des gens était juste plus doué ou se contraignaient plus par convention sociale.
    En tout cas, je considère toujours que l’hyper-sensibilité comme tu dis, devrait être un aboutissement et une évolution de l’être humain, ça parait une évidence.

    Il n’y a pour moi aucun intérêt à perpétrer la race humaine si elle n’évolue pas en ce sens, et ne développe une plus grande sensibilité et empathie.
    Les quelques 10% qu’il y aurait de psychopathe ou d’apathique dans la population sont pour moi des déficients. Et malheureusement, j’ai l’impression que ce sont souvent ces personnes qui prennent les rennes du pouvoir.

    Bref, désolé pour le pavé, j’ai balancé un peu ce qui me venait à la lecture de ton article. Bon courage à toi en tout cas, ça n’a pas l’air simple en effet.

    ps : des précisions sur le termes de précocité ? en étant adulte, on peut encore être précoce ?

  4. Merci pour vos commentaires, ils font chaud au coeur !

    @Lakmé :
    (ton pseudo a rapport avec l’opéra ?)
    On devrait tou.te.s aller voir un psy de manière régulière. Un.e psy ne fait pas partie du domaine médical, faut plus le voir comme un.e ami.e qui nous écoute, ne nous juge pas, à qui on peut tout dire sans crainte. Ça fait pas forcément des miracles, mais simplement de pouvoir parler sans crainte permet de mettre ses idées au clair dans sa tête. Ça aide à relativiser, prendre du recul. Bon ça reste un.e ami.e à qui on donne de l’argent par contre ^^’ Certaines mutuelles peuvent rembourser une partie, il faut se renseigner.

    @Knah Tsaeb :
    (un flux de plus à suivre :) )
    J’ai toujours été hypersensible, mais je ne le savais pas. Plus jeune je ne m’écoutais pas parce que je faisais comme tout le monde même si ça ne me convenait pas (toujours la crainte d’être exclu socialement, crainte qu’on a tou.te.s). Donc ça s’accentue avec l’âge, en tout cas jusqu’à qu’on en prenne pleinement conscience.

    @V0r4c3 :
    Ne t’excuse pas de ton pavé, ça ne coûte pas plus cher !
    Intéressant ta remarque que l’hypersensibilité devrait être l’aboutissement de l’être humain. Je te conseille la lecture de ce livre : https://amzn.to/2QkJhsr
    La première de couverture est horrible mais le livre est passionnant. Il prend bien le temps de détailler cette idée justement. Il explique que toute société qui tient dans le temps est constituée d’une part d’êtres moins sensibles (pour faire très très court, les « guerriers » en quelque sorte), et d’une petite part (moins de 20% de la population) d’être « pensants » plus sensibles, qui freinent l’impulsivité des « guerriers ». Le président est un guerrier quand le Sénat est la tête pensante. Un monde rempli d’êtres sensibles ne fonctionnerait pas non plus, il faut un équilibre entre les deux. Actuellement le danger vient justement que nos États (je pense à la Russie, aux USA, la Chine, la France…) court-circuitent de plus en plus les têtes pensantes. Bref si la question t’intéresse, prends le temps de lire ce livre, ça m’a fait comprendre plein de choses. Mais je te rejoins complètement, et oui, les plus grands patrons et dirigeants ne sont jamais des hypersensibles, ça c’est clair, et sont mêmes plutôt des psychopathes au sens premier du terme (pas des tueurs mais des gens qui ressentent très peu d’émotions voire pas du tout).
    À propos de la précocité, c’est encore un peu flou pour moi, mais ça désigne plus une façon de traiter l’information ou d’analyser notre environnement, que des résultats scolaires etc. J’aime pas vraiment le mot « précoce » qui désigne plutôt un développement plus rapide. Avant on utilisait « surdoué.e », qui est encore pire je crois, chacun.e est doué.e à sa façon dans son domaine.

  5. La difficulté est de trouver un psy qui soit compétent. Pour ma part à chaque fois que j’ai eu le courage de franchir le pas, j’ai très vite tourné les talons devant ces personnes qui voulaient me faire entrer dans un petite boite de rangement avec une jolie étiquette collée dessus.
    J’arrive longtemps après l’article, peu importe, écrire ce message va me faire du bien combien même il ne serait pas lu.
    Trouver les réactions et actions de la plupart des gens absurdes, illogiques, non productives, depuis toujours ? Check.
    Se sentir totalement alien au milieu des humains ? Check.
    Ne pas supporter le bruit, et d’une manière plus générale le chahut plus de 5 mn, check.
    Et tout faire pour cacher ces différences, pour « s’adapter », jusque se perdre totalement soi-même dans une vie qui n’est pas la sienne…, juste pour survivre…
    Se « réveiller », comprendre son mode de fonctionnement des dizaines d’années après l’enfance ? Check.
    Sentir le gout amer du gâchis dans sa bouche ? Check.
    Se relever, décider d’avoir le DROIT d’exister ? Check.
    Assumer les engagements déjà pris lorsque je faisais semblant d’être « normal » (enfants, mari, maison, etc.), puis, un jour prochain, VIVRE !
    Passer dans le futur pour une personne égoïste, bizarre, asociale, etc. ? Mais avec une telle joie !

  6. Merci pour ton témoignage. Je viens de découvrir également mon hypersensibilité et je me demandais si cela était compatible avec le métier d’enseignant.
    Après avoir vadrouiller ici et là, je suis devenue enseignante contractuelle depuis trois ans et cela me plait beaucoup mis à part le bruit. J’ai beaucoup de mal à supporter le bruit des élèves. Ils sont bruyants!!! Comment t’en sort tu avec ça?

  7. Coucou Lia, je crois que malheureusement tant que tu n’auras pas ta propre classe, avec tes propres règles, tu ne pourras pas résoudre le problème du bruit… C’est beaucoup plus facile d’imposer le silence quand on est la « vraie » maitresse de la classe…
    Après pour le reste, je n’hésite plus à utiliser des bouchons d’oreilles de qualité, qui réduisent les dB sans empêcher d’entendre. Au début ça perturbe tout le monde, adulte comme enfant, mais après c’est comme tout les questions s’arrêtent (« non, je n’ai pas de pb d’oreilles »). Et c’est bien bien moins fatiguant, pour la piscine par exemple, ou certaines récrées… Par contre en classe, non bien évidemment.

  8. C’est tellement important pour les personnes comme nous de ne pas se sentir seules. Cet article m’a fait un bien fou. J’ai 32 ans, j’aurais aimé le découvrir pendant mon enfance, ça m’aurait évité bien des souffrances, mais maintenant que je le sais je peux enfin apprendre à me connaitre. J’ai déjà lu pas mal d’articles et de bouquins à ce sujet, mais cet article est de loin un de ceux dans lesquels je me suis le plus reconnue. Merci, infiniment.

  9. @Sarah : avec très grand plaisir ! On a le même âge.

  10. Bonjour, je me reconnais énormément dans votre article. Mon métier est infirmière, j’en ai fais un burnout suite aux conditions de travail , aux horaires compliqués et tout ce qui peut être offensant pour quelqu’un d’hypersensible. Je suis en quête de reconversion et me suis dit que le métier de professeur des écoles était un bon compromis (relationnel, créativité, horaires meilleures que dans le médical). Je n’ai pas sauté le pas pour le moment car les inscriptions pour le Master ne sont pas tout de suite et j’aimerais faire une immersion dans une école afin de m’assurer que ce métier et fait pour moi.
    Au vu de votre article est ce que vous pouvez me dire en quoi le métier correspond il a votre hypersensibilité avec les avantages et les inconvénients ? Êtes vous épanoui désormais ? Merci par avance et merci pour cet article.

  11. Bonjour Coline,
    J’ai eu travaillé un peu dans le médical, en tant qu’ASH en hôpital psy. Je n’y suis pas resté longtemps, car confronté à la détresse de certaines personnes, c’est vite pesant. Mais ça a été révélateur pour moi, me sentir utile pour des personnes était bien plus motivant le matin que de se lever pour fabriquer de la valeur financière.
    Mais je pense qu’effectivement un hôpital quel qu’il soit n’est pas la meilleure place pour un.e hypersensible.
    Pour prof des écoles, déjà il faut savoir qu’en est très vite en classe en observation, voire même si le prof est cool on peut vite s’essayer à faire classe. Début octobre tu seras déjà en stage.
    Être prof des écoles est la meilleure chose qui me soit arrivée professionnellement. Je travaille avec des CE1, et à cet âge on n’a pas toujours les mots pour décrire un problème, un malheur, ou une émotion. Avec l’hypersensibilité vient aussi l’empathie, et elle est très utile avec des enfants, pour mettre des mots sur ce qu’ils ressentent, pour les comprendre, comprendre la cause d’un problème pour le résoudre au lieu de ne voir que sa conséquence. Il y a une grand part de psychologie dans ce métier, et pareil en tant qu’hypersensible on se débrouille pas trop mal dans ce domaine.
    Par contre, prendre les émotions de tout le monde, ainsi que de devoir gérer une classe d’enfants, est très fatiguant. Il y a quelques années j’ai fini en arrêt de 2 mois tellement j’étais épuisé, sans le voir venir. Aujourd’hui je me gère mieux, je sais que je dois *beaucoup* dormir, depuis cette année j’ai le mercredi de libre, je me sens beaucoup mieux. C’est donc un métier je pense adapté particulièrement à nous, sous la condition d’accepter de changer son rythme de vie, de dormir tôt, d’adapter sa classe pour qu’elle soit la plus silencieuse possible, etc. Cela vient avec le temps, aujourd’hui je suis totalement épanoui dans mon métier et pour rien au monde je n’en changerai. Il faut aussi s’attendre à 55h de travail hebdomadaire (24h devant la classe), au moins les 3 premières années dans le même niveau. Après tu peux enlever 10h. Mais 4 mois de vacances aussi + mercredi de libre.
    Ha oui et dernière chose très agréable : tu fais ta classe comme tu veux, avec les méthodes que tu veux, sans personne pour te dire quoi faire. Inconvénients : la liberté fait peur au début, on est perdu, mais ensuite en étant curieux.se et en testant des trucs on fini par trouver ce qui nous convient, on gagne en efficacité, sans personne pour venir nous faire chier. Mais c’est aussi pour cela que c’est un métier chronophage, y’aura personne pour te dire d’arrêter de bosser, et on peut toujours faire mieux.

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