« Ma mort doit servir à quelque chose. Changez cette société », la lettre d’adieu de Leelah, 17 ans, transgenre

http://www.madmoizelle.com/lettre-adieu-suicide-transgenre-310287

A lire.

Texte traduit en français :

Si vous lisez ce texte, c’est que je me suis suicidée, et donc que je n’ai pas pu effacer ce post de ma liste de publication.

Ne soyez pas tristes, s’il vous plait, c’est pour le mieux. La vie que j’aurais dû mener n’en valait pas la peine… parce que je suis transgenre. Je pourrais sans doute développer davantage pourquoi tel est mon sentiment, mais cette note ne sera probablement pas assez longue pour cela.

Pour le dire simplement, je me sens comme une fille prisonnière du corps d’un homme, et je me suis sentie ainsi depuis mes 4 ans. Je ne savais pas qu’il existait un mot pour décrire cette sensation, ni qu’il était possible pour un garçon de devenir une fille, alors je n’ai rien dit à personne, et j’ai continué à faire des choses « traditionnellement » masculines, pour essayer de m’intégrer.

À 14 ans, j’ai appris ce que transgenre voulait dire, et j’en ai pleuré de joie. Après 10 ans de confusion, je comprenais enfin qui j’étais. Je l’ai immédiatement dit à ma mère, qui a réagi très négativement. Elle me disait que c’était une phase, que je ne serai jamais vraiment une fille, que Dieu ne se trompait pas, que c’était moi qui faisais erreur. Si vous lisez ceci, parents, s’il vous plait, ne dites jamais cela à vos enfants. Même si vous êtes chrétien, ou contre les personnes trasngenres, ne dites jamais cela à quelqu’un, surtout pas à vos propres enfants. Cela n’accomplira rien du tout, mis à part les amener à se détester davantage. C’est exactement ce que ça m’a fait.

Ma mère a commencé à m’amener chez un psy, mais seulement des psys chrétiens, (qui avaient des préjugés très forts) je n’ai donc jamais reçu la thérapie dont j’avais besoin pour soigner ma dépression. Je n’ai eu droit qu’à encore davantage de chrétiens me disant que j’étais égoïste, que j’avais tort, que je devais me tourner vers Dieu pour trouver de l’aide.

À 16 ans, j’ai réalisé que mes parents ne changeraient pas d’avis, et que j’allais devoir attendre jusqu’à mes 18 ans pour commencer un traitement de transition. Cela m’a absolument brisé le cœur. Plus on attend, et plus il est difficile de faire sa transition. Je me sentais perdue, forcée de ressembler à un homme travesti pour le reste de ma vie. Le jour de mon 16ème anniversaire, n’ayant pas obtenu l’aval de mes parents pour commencer ma transition, je me suis endormie en pleurant.

J’ai commencé à me rebeller contre mes parents. J’ai fait mon coming out en tant que gay au lycée, en pensant que si j’arrivais progressivement vers un coming out en tant que trans, le choc serait moins brutal. La réaction de mes amis fut positive, mais mes parents étaient furieux. Ils ressentaient mon coming out comme une atteinte à leur image, à leurs valeurs. J’étais une honte pour eux. Ils voulaient que je sois leur parfait petit garçon chrétien et hétérosexuel, et ce n’était manifestement pas ce que je désirais.

Alors ils m’ont retirée de l’école, m’ont confisqué mon téléphone et mon ordinateur portable, et m’ont interdit de m’inscrire sur les réseaux sociaux, m’isolant complètement de mes ami•e•s. Ça a probablement été le moment de ma vie où j’étais le plus déprimée, et je suis surprise de ne pas m’être suicidée alors. Pendant 5 mois, j’étais complètement seule. Aucun•e ami•e, aucun soutien, pas d’amour… Rien d’autre que la déception de mes parents et la cruauté de la solitude.

A la fin de l’année scolaire, mes parents ont finalement changé d’avis, ils m’ont rendu mon téléphone et permis de me réinscrire sur les réseaux sociaux. J’étais excitée, j’allais enfin retrouver mes ami•e•s. Ils étaient extrêmement enthousiastes de me parler et de me revoir, mais seulement au premier abord. Ils ont très vite réalisé qu’ils n’en avaient pas grand chose à foutre de moi, et je me suis sentie encore plus seule qu’auparavant. Les seul•e•s ami•e•s que je croyais avoir m’appréciaient seulement parce qu’ils me voyaient cinq fois par semaine.

Après tout un été passé presque sans amis, ajouté au stress de devoir me préparer à l’université, économiser pour pouvoir déménager, tout en continuant à bien travailler à l’école, aller à l’église toutes les semaines et me sentir comme une merde parce que tout le monde juge et s’oppose à ce que je suis.

J’ai décidé que j’en avais assez. Je ne vais jamais pouvoir transitionner avec succès, même si je déménage. Je ne serai jamais satisfaite de mon apparence ou de ma voix. Je n’aurai jamais assez d’ami•e•s, jamais assez d’amour pour me satisfaire. Je ne pourrai jamais trouver un homme qui m’aime pour ce que je suis. Je ne serai jamais heureuse. Soit je continue à vivre le reste de mes jours en étant l’homme seul qui souhaiterait être une femme, soit je vis ma vie en étant une femme encore plus seule, et qui se déteste.

Impossible de gagner. Impossible de s’en sortir. Je suis déjà assez triste, je n’ai pas besoin que ma vie devienne pire encore. Les gens disent que « ça ira mieux » par la suite, mais dans mon cas ce n’est pas vrai. Ça empire. Chaque jour, mon état empire.

C’est à peu près tout, et c’est pourquoi je ressens l’envie de me suicider. Désolée si ce n’est pas une assez bonne raison pour vous, ça l’est assez pour moi.

Concernant mon testament, je veux que tout ce que je détiens légalement soit vendu et que l’argent (ainsi que l’argent de mon compte bancaire) soit versé à une association de soutien et de défense des droits civiques des trans*, peu importe lequel.

Je ne pourrais reposer en paix que si un jour, les personnes transgenres ne sont plus traitées comme je l’ai été. Qu’elles soient traitées comme des êtres humains. Le genre doit être enseigné à l’école, et le plus tôt sera le mieux. Ma mort doit servir à quelque chose. Ma mort doit être ajoutée au nombre de personnes transgenres s’étant suicidées cette année. Je veux que quelqu’un regarde ce nombre et dise « c’est grave » et qu’on fasse quelque chose. Changez cette société.

S’il vous plaît.

Adieu,

(Leelah) Josh Alcorn

Texte original :

If you are reading this, it means that I have committed suicide and obviously failed to delete this post from my queue. Please don’t be sad, it’s for the better. The life I would’ve lived isn’t worth living in… because I’m transgender. I could go into detail explaining why I feel that way, but this note is probably going to be lengthy enough as it is. To put it simply, I feel like a girl trapped in a boy’s body, and I’ve felt that way ever since I was 4. I never knew there was a word for that feeling, nor was it possible for a boy to become a girl, so I never told anyone and I just continued to do traditionally “boyish” things to try to fit in. When I was 14, I learned what transgender meant and cried of happiness. After 10 years of confusion I finally understood who I was. I immediately told my mom, and she reacted extremely negatively, telling me that it was a phase, that I would never truly be a girl, that God doesn’t make mistakes, that I am wrong. If you are reading this, parents, please don’t tell this to your kids. Even if you are Christian or are against transgender people don’t ever say that to someone, especially your kid. That won’t do anything but make them hate them self. That’s exactly what it did to me. My mom started taking me to a therapist, but would only take me to christian therapists, (who were all very biased) so I never actually got the therapy I needed to cure me of my depression. I only got more christians telling me that I was selfish and wrong and that I should look to God for help. When I was 16 I realized that my parents would never come around, and that I would have to wait until I was 18 to start any sort of transitioning treatment, which absolutely broke my heart. The longer you wait, the harder it is to transition. I felt hopeless, that I was just going to look like a man in drag for the rest of my life. On my 16th birthday, when I didn’t receive consent from my parents to start transitioning, I cried myself to sleep. I formed a sort of a “fuck you” attitude towards my parents and came out as gay at school, thinking that maybe if I eased into coming out as trans it would be less of a shock. Although the reaction from my friends was positive, my parents were pissed. They felt like I was attacking their image, and that I was an embarrassment to them. They wanted me to be their perfect little straight christian boy, and that’s obviously not what I wanted. So they took me out of public school, took away my laptop and phone, and forbid me of getting on any sort of social media, completely isolating me from my friends. This was probably the part of my life when I was the most depressed, and I’m surprised I didn’t kill myself. I was completely alone for 5 months. No friends, no support, no love. Just my parent’s disappointment and the cruelty of loneliness. At the end of the school year, my parents finally came around and gave me my phone and let me back on social media. I was excited, I finally had my friends back. They were extremely excited to see me and talk to me, but only at first. Eventually they realized they didn’t actually give a shit about me, and I felt even lonelier than I did before. The only friends I thought I had only liked me because they saw me five times a week. After a summer of having almost no friends plus the weight of having to think about college, save money for moving out, keep my grades up, go to church each week and feel like shit because everyone there is against everything I live for, I have decided I’ve had enough. I’m never going to transition successfully, even when I move out. I’m never going to be happy with the way I look or sound. I’m never going to have enough friends to satisfy me. I’m never going to have enough love to satisfy me. I’m never going to find a man who loves me. I’m never going to be happy. Either I live the rest of my life as a lonely man who wishes he were a woman or I live my life as a lonelier woman who hates herself. There’s no winning. There’s no way out. I’m sad enough already, I don’t need my life to get any worse. People say “it gets better” but that isn’t true in my case. It gets worse. Each day I get worse. That’s the gist of it, that’s why I feel like killing myself. Sorry if that’s not a good enough reason for you, it’s good enough for me. As for my will, I want 100% of the things that I legally own to be sold and the money (plus my money in the bank) to be given to trans civil rights movements and support groups, I don’t give a shit which one. The only way I will rest in peace is if one day transgender people aren’t treated the way I was, they’re treated like humans, with valid feelings and human rights. Gender needs to be taught about in schools, the earlier the better. My death needs to mean something. My death needs to be counted in the number of transgender people who commit suicide this year. I want someone to look at that number and say “that’s fucked up” and fix it. Fix society. Please. Goodbye, (Leelah) Josh Alcorn

A voir aussi

La ministre de l’éducation nationale favorable à son tour au passage de 1 à 3 jours de carence : une mesure jugée inégalitaire – Professeurs des écoles

La ministre de l’éducation nationale défend l’extension du délai de carence des fonctionnaires. Les syndicats …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *