L’hypersensibilité, on en parle ?

Cela fait un moment que je vou­lais écrire cet article. Aujourd’­hui, je me lance.

Aver­tis­se­ment : cet article est com­plè­te­ment per­son­nel, ce n’est pas un guide, pas une réfé­rence, c’est sim­ple­ment mon expé­rience, de mon point de vue, d’a­près mes connais­sances. Je ne suis en aucun cas un pro­fes­sion­nel du domaine.

 

Je me suis tou­jours sen­ti en déca­lage par rap­port aux autres. Par exemple j’ai tou­jours été vite fati­gué, il n’é­tait pas rare que les autres me traitent de “fai­néant”, par mes propres parents par exemple. Oui, je fati­guais vite, mais je ne me trou­vais pas fai­néant pour autant : si un sujet m’in­té­resse, je peux y pas­ser beau­coup de temps et d’ef­forts. J’é­tais donc dans l’in­com­pré­hen­sion. Je m’in­té­resse sou­vent à des sujets com­plè­te­ment variés, où la majo­ri­té des gens n’y trou­ve­raient pas d’in­té­rêt. Cela peut par­tir sur un sujet poli­tique, scien­ti­fique, lit­té­raire, artis­tique, théo­lo­gique… Cela m’a long­temps cau­sé des sou­cis à l’é­cole, quand il fal­lait répondre à la ques­tion : “tu veux par­tir en 1ère S ou 1ère L ?” “Je ne sais pas, j’aime autant les deux…”. “Tu veux faire des études post-bac dans quel domaine ?” “Je ne sais pas, j’aime trop de choses…”. J’ai eu un par­cours sco­laire chao­tique : j’ai fait des études d’in­gé­nieur, puis dans les mathé­ma­tiques, l’in­for­ma­tique, puis dans les sciences (bio­lo­gie, chi­mie, un peu phy­sique), pour au final être prof des écoles, fina­le­ment un des rares métiers qui me per­met de faire tout ça à la fois. J’ai en paral­lèle tou­ché à plein de trucs : j’ai déve­lop­pé mon pre­mier site web au col­lège, site qui m’a rap­por­té envi­ron 2000€ par mois à 13 ans, j’ai créé en paral­lèle de la fac mon entre­prise de déve­lop­pe­ment de sites web (matronix.fr était avant d’être mon blog le site vitrine de mes pres­ta­tions, ouvert en 2009, un an après mon bac). J’ai tou­ché au développement/hacking de consoles, en par­ti­cu­lier les consoles por­tables où j’ai déve­lop­pé de nom­breux jeux, j’ai pro­gram­mé des robots sans fil qui pou­vaient se dépla­cer par Nin­ten­do DS, avec une camé­ra qui ren­voyait tou­jours sans fil l’i­mage sur l’é­cran du haut de la console. Au niveau de la sco­la­ri­té je n’é­tais pas par­ti­cu­liè­re­ment un bon élève : je n’é­tais pas spé­cia­le­ment inté­res­sé par les matières sco­laires sauf rares excep­tions, les profs ne m’ap­pré­ciaient pas des masses, car j’a­vais tou­jours des ques­tions dont ils n’a­vaient pas la réponse, et pre­naient sou­vent cela pour de la pro­vo­ca­tion, alors que j’é­tais réel­le­ment inté­res­sé par mes ques­tions. J’ai été pas­sion­né par cer­taines périodes de l’His­toire, comme la seconde guerre mon­diale. J’aime la musique, j’ai com­po­sé beau­coup de musique élec­tro­nique. J’ai beau­coup écrit, des his­toires d’hor­reur, des trilleurs, de la fan­tai­sie, de la poé­sie. Bref, j’ai tou­ché à beau­coup de choses. J’aime beau­coup de choses, mais à chaque fois jamais à fond : je ne sup­por­tais pas l’i­dée de se foca­li­ser sur un seul domaine “à fond” et négli­ger le reste. J’ai mis très long­temps à me trou­ver le métier idéal, j’ai enchai­né des dizaines de bou­lots dif­fé­rents : faire des états des lieux d’ap­par­te­ment livrés neufs, tra­vailler en centre d’ap­pels pour la fac, en hôpi­tal psy, livrer des cui­sines, tra­vailler dans des milieux spé­ciaux type ‑40°C, dans la livrai­son de maga­sins de jouets, tra­vailler en labo­ra­toire, dans la recherche, etc, etc, etc. Pour tou­jours aban­don­ner après quelques mois, car je n’en pou­vais plus. J’ai vite com­pris qu’a­voir un patron était impos­sible pour moi : je me pre­nais rapi­de­ment la tête avec, je trou­vais ses ins­truc­tions absurdes, je trou­vais sou­vent une façon de tra­vailler plus rapide, plus effi­cace, et le patron le pre­nait mal et cela deve­nait com­pli­qué. J’ai ten­té l’ex­pé­rience d’être mon propre patron : cela fonc­tion­nait, j’é­tais ren­table, mais l’ex­pé­rience ne me plai­sait pas non plus, tra­vailler pour gagner de l’argent n’é­tait pas mon truc, ma moti­va­tion prin­ci­pale dans la vie n’é­tant pas l’argent mais le  temps. Avoir du temps libre est beau­coup plus impor­tant pour moi que gagner beau­coup d’argent, et en géné­ral les deux ne sont pas com­pa­tibles.

J’ai donc long­temps galé­ré, à cher­cher quelque chose qui me cor­res­pond. Puis enfin, la révé­la­tion, prof. Je touche à tout, je n’ai pas de patron (du moins je ne le vois pas), je tra­vaille comme je le veux, j’ai du temps, etc. Beau­coup d’a­van­tages pour moi, même si le tra­vail reste dif­fi­cile.

Au niveau de mes rela­tions sociales, ça a tou­jours été com­pli­qué. J’é­tais tou­jours l’a­mi des gens sans amis (j’ai tou­jours trou­vé ces per­sonnes plus inté­res­santes que la majo­ri­té), j’ai du mal à sor­tir, car les gens me fatiguent/saoulent vite. Actuel­le­ment je suis sur une période de céli­bat enta­mée depuis un moment. Cela me rend triste car c’est tou­jours plus sym­pa de par­ta­ger sa vie, mais je n’ai pas le besoin comme beau­coup d’al­ler vivre des expé­riences légères on va dire.

Puis est arri­vé un gros pas­sage à vide il y a quelques mois, comme un besoin de faire STOP sur ma vie, besoin de prendre du recul, de com­prendre cer­taines choses, car je me sens dif­fé­rent. J’ai été arrê­té 2 mois, offi­ciel­le­ment pour cause de dépres­sion, bien que je ne me sen­tais pas dépres­sif. J’ai lu, j’ai tra­vaillé mon déve­lop­pe­ment per­son­nel, j’ai pris de nom­breux rdv chez le psy. Le ver­dict est tom­bé : pré­co­ci­té intel­lec­tuelle et hyper­sen­si­bi­li­té. BOUM, prends ça dans la tête et débrouille-toi.

 

L’hy­per­sen­si­bi­li­té m’a expli­qué beau­coup de choses. Quel­qu’un d’hy­per­sen­sible, c’est une per­sonne qui res­sent très for­te­ment les émo­tions, quelles qu’elles soient. C’est une per­sonne qui res­sent for­te­ment les sti­mu­la­tions exté­rieures, où ses sens sont très déve­lop­pés : un bruit, une odeur, une vision, etc. Mon psy m’a expli­qué la chose avec une image que j’ai bien aimée : chaque matin, l’hy­per­sen­sible se réveille avec par ex 15 allu­mettes. À chaque sti­mu­la­tion trop impor­tante, on retire une allu­mette. Quand il n’y a plus d’al­lu­mette, c’est le moment où la fatigue s’ins­talle très for­te­ment, et peut cau­ser des sauts d’hu­meur, parce que l’hy­per­sen­sible n’en peut plus, et peut s’é­ner­ver ou s’ir­ri­ter. L’hy­per­sen­sible a éga­le­ment une très forte empa­thie, et peut res­sen­tir les émo­tions des per­sonnes qui l’en­tourent. Je me suis com­plè­te­ment recon­nu là-dedans. Cela m’a fait com­prendre pour­quoi je ne sup­porte pas la télé (je n’en ai pas chez moi), pour­quoi chez les gens je suis *obli­gé* de deman­der de cou­per la télé ou au moins de cou­per le son (et pas­ser acces­soi­re­ment pour un chieur), pour­quoi j’ai beau­coup de mal à ren­trer dans un centre com­mer­cial, pour­quoi je ne peux pas écou­ter la radio, pour­quoi la son­nette d’un voi­sin me pro­cure une mon­tée hyper rapide d’a­dré­na­line, pour­quoi je ne peux pas avoir de télé­phone fixe, pour­quoi mon por­table est constam­ment en silen­cieux com­plet (sans vibreur donc), pour­quoi je *dois* désac­ti­ver abso­lu­ment toute noti­fi­ca­tion sur mon télé­phone, pour­quoi je suis si mal en voi­ture, pour­quoi en couple je n’ar­rive pas à gérer les moments de conflits : cela me déve­loppe tel­le­ment d’é­mo­tions que j’en suis sub­mer­gé, et je perds toute ana­lyse cri­tique de la situa­tion, et que je deviens com­plè­te­ment mutique et para­ly­sé. Mon monde idéal n’est pas un monde silen­cieux, mais un monde où je contrôle le bruit. Je suis capable d’al­ler à un concert, mais je vais avoir beau­coup de mal à aller dans une soi­rée, où il faut sou­rire, rire, être mar­rant, dis­cu­ter, s’in­té­grer. Au bout d’une heure je suis épui­sé. Quand arrive le ven­dre­di soir ou le we quand les gens sortent, moi je récu­père de ma semaine. Je me suis long­temps cru aso­cial, en fait non, je suis sociable, juste qu’il faut que les sti­mu­la­tions exté­rieures ne soient pas trop impor­tantes, et c’est rare­ment le cas. Une soi­rée idéale pour moi est une soi­rée calme avec des jeux de socié­té par ex, dans un groupe de 3 ou 4 per­sonnes, guère plus.

Je me trouve donc en gros déca­lage avec le monde actuel, un monde régit par la publi­ci­té, capi­ta­liste, un monde qui va tou­jours plus vite. Je vis donc au ralen­ti, loca­le­ment, avec mon vélo, dans un envi­ron­ne­ment calme.

Cela m’a fait beau­coup de bien de mettre un mot sur cette carac­té­ris­tique. Cela per­met d’a­dap­ter sa vie, de la rendre moins fati­gante. J’ai remar­qué qu’il est très dif­fi­cile de par­ler d’hy­per­sen­si­bi­li­té avec la majo­ri­té des per­sonnes, car une per­sonne non concer­née ne com­prend tout sim­ple­ment pas. J’ai long­temps cru que tout le monde res­sen­tait les choses comme moi, for­cé­ment nos res­sen­tis sont là depuis avant notre nais­sance, c’est donc depuis tou­jours, on ne pense pas for­cé­ment à remettre en ques­tion cela. Com­prendre qu’un conflit peut être repor­té pour être réglé plus tard, quand les émo­tions seront redes­cen­dues. Com­prendre que quand je ne parle pas, ce n’est pas que je ne veux pas par­ler, c’est que je suis dans un moment d’hy­per­sti­mu­la­tion, que je n’ar­rive pas moi-même à orga­ni­ser ma pen­sée et mes émo­tions, qu’il faut juste me lais­ser un peu de temps.

Les filles voient sou­vent en moi quel­qu’un d’in­té­res­sant car je les com­prends, j’ai une bonne capa­ci­té d’a­na­lyse, je suis de bon conseil, je sais ras­su­rer, je ne juge pas, des avan­tages appor­tés par l’hy­per­sen­si­bi­li­té. Mais sou­vent la contre­par­tie (citée au-des­sus) n’est pas accep­tée.

Il y a encore un an, je n’a­vais jamais enten­du le mot hyper­sen­sible. J’au­rais gagné du temps sur ma vie si j’en avais eu connais­sance avant. C’est donc un peu l’ob­jec­tif de cet article. Je sais que je suis loin d’être un cas iso­lé, et si vous vous recon­nais­sez un peu dans ce que je dis, je ne peux que vous invi­ter à aller voir un.e psy. Je sais que la démarche est *très* com­pli­quée, mais cela vous per­met­tra d’a­van­cer effi­ca­ce­ment, et au final vous ne le regret­te­rez pas.

J’ai mis quelques mois à accep­ter ce terme “d’hy­per­sen­sible”. Je n’ar­rive tou­jours pas à accep­ter le terme de “pré­co­ci­té” cepen­dant. L’un ne va pas for­cé­ment avec l’autre. Un.e pré­coce sera hyper­sen­sible, la réci­proque n’est pas for­cé­ment vraie. Accep­ter ma pré­co­ci­té sera un pro­chain tra­vail, mais elle ne me gâche pas la vie comme l’hy­per­sen­si­bi­li­té pou­vait le faire.

Aujourd’­hui, je m’as­sume, je suis hété­ro, pas homo, je ne m’empêche plus de res­sen­tir les émo­tions. Je peux pleu­rer ou fris­son­ner en écou­tant une musique, je me laisse empor­ter par mes émo­tions. Jamais la musique, l’art ou le ciné­ma n’ont été aus­si beaux. Je réap­prends à écou­ter mon corps et mes sen­sa­tions. Oui, je peux fris­son­ner en buvant un verre d’eau, man­ger un bon plat peut me pro­cu­rer des sen­sa­tions incroyables. Je me laisse enva­hir par mes émo­tions posi­tives, les larmes aux yeux peuvent certes mon­ter vite, mais à côté de cela le monde parait tel­le­ment plus beau et agréable. J’ai fait le choix de ne plus regar­der cer­tains films ou séries, de m’é­loi­gner des gens qui ne me com­prennent pas. Être sen­sible ne veut pas dire être fra­gile ou timide, je sais me faire entendre ou être res­pec­té. J’ai fait le choix de ne plus tou­cher aux pro­duits qui changent mon res­sen­ti des choses, typi­que­ment l’al­cool, car cela me dérègle com­plè­te­ment. Je me suis mis à la médi­ta­tion. C’est incroyable les bien­faits qu’elle peut m’ap­por­ter, même juste 10 minutes. Cela m’ap­porte une éner­gie et un recul que je n’au­rais jamais soup­çon­nés. J’ap­prends à ne plus me faire influen­cer par les per­sonnes néga­tives. Bref j’or­ga­nise ma vie dif­fé­rem­ment, et cela va beau­coup mieux.

12 comments

  1. Mer­ci pour cet article.
    Je m’y recon­nais dans pas mal de choses (pour l’a­nec­dote je suis deve­nu Pro­fes­seur des écoles un peu pour les mêmes rai­sons :)
    Ça fait un moment que je me tâte d’al­ler consul­ter, pour poser un dia­gnoc­tic peut-être, mais pour sur­tout pour essayer d’al­ler mieux.
    Car en vieillis­sant, j’ai ten­dance à deve­nir aso­cial, tant je n’ar­rive pas à gérer mes émo­tions, ma sen­si­bi­li­té.

  2. Très beau témoi­gnage et très tou­chant, mer­ci. Je ne suis pas concer­né par l’hy­per­sen­si­bi­li­té, mais j’ai une fille qui à 10ans qui est une vrai éponge émo­tion­nel, elle capte toutes les émo­tions, pas autant que toi, mais ça me fait écho.

    Je te sou­haite plein de bonne chose. Encore une fois mer­ci.

  3. Je dois dire que ça donne à réflé­chir.
    De mon côté, je me suis tou­jours sen­tis comme plus sen­sible ou émo­tif et je me retrouve dans ton com­men­taire. Je n’en suis pas au point de ne pas pou­voir écou­ter la radio, mais en lisant de ton expé­rience, j’ai mieux com­pris pour­quoi dans cer­tain moment, je peux paraitre dis­tant ou froid.
    Je pour­rais dire que je me suis créer une sorte de coquille où je contraints mes émo­tions, comme un ins­tinct de sur­vie.

    Quand j’en­tends ma famille régu­liè­re­ment me dire que j’au­rais été un bon pro­fes­seur, que ça aurait été un bon choix, ça m’a tou­jours fait rire, sur­tout quand je te lis main­te­nant.
    Mais je ne suis pas­sez cou­ra­geux pour faire ce bou­lot ;)
    (A la place, j’ai réus­si à me trou­ver un bou­lot qui me plait, sans trop de contrainte, iti­né­rant dans le café, sans patron pour t’emmerder, et des horaires quelques peu flexibles.)

    Il me vient en tête une anec­dote que j’ai vécu il y a quelques temps. On regar­dait un film avec mon ex, “Parents à tout prix” je crois, et où à un moment, les héros regar­daient des vidéos de camé­ra de sécu­ri­té fil­mant des nour­rices, l’une d’elle se met­tant d’un coup à frap­per un bébé.
    La scène m’a tel­le­ment sur­pris et cho­qué que j’en ai pleu­ré, et j’a­vais des envie de meurtre. Aujourd’­hui, on en rigole, et ce n’é­tait qu’un film, mais je com­prends ton res­sen­ti et me rends compte que je suis un peu dans ce cas.

    Pour finir, depuis bien long­temps, je m’é­tais déjà inter­ro­gé sur ce don d’être plus sen­sible que sem­blait l’être la moyenne, et je pen­sais (et l’es­père encore) que la plu­part des gens était juste plus doué ou se contrai­gnaient plus par conven­tion sociale.
    En tout cas, je consi­dère tou­jours que l’hy­per-sen­si­bi­li­té comme tu dis, devrait être un abou­tis­se­ment et une évo­lu­tion de l’être humain, ça parait une évi­dence.

    Il n’y a pour moi aucun inté­rêt à per­pé­trer la race humaine si elle n’é­vo­lue pas en ce sens, et ne déve­loppe une plus grande sen­si­bi­li­té et empa­thie.
    Les quelques 10% qu’il y aurait de psy­cho­pathe ou d’a­pa­thique dans la popu­la­tion sont pour moi des défi­cients. Et mal­heu­reu­se­ment, j’ai l’im­pres­sion que ce sont sou­vent ces per­sonnes qui prennent les rennes du pou­voir.

    Bref, déso­lé pour le pavé, j’ai balan­cé un peu ce qui me venait à la lec­ture de ton article. Bon cou­rage à toi en tout cas, ça n’a pas l’air simple en effet.

    ps : des pré­ci­sions sur le termes de pré­co­ci­té ? en étant adulte, on peut encore être pré­coce ?

  4. Mer­ci pour vos com­men­taires, ils font chaud au coeur !

    @Lakmé :
    (ton pseu­do a rap­port avec l’o­pé­ra ?)
    On devrait tou.te.s aller voir un psy de manière régu­lière. Un.e psy ne fait pas par­tie du domaine médi­cal, faut plus le voir comme un.e ami.e qui nous écoute, ne nous juge pas, à qui on peut tout dire sans crainte. Ça fait pas for­cé­ment des miracles, mais sim­ple­ment de pou­voir par­ler sans crainte per­met de mettre ses idées au clair dans sa tête. Ça aide à rela­ti­vi­ser, prendre du recul. Bon ça reste un.e ami.e à qui on donne de l’argent par contre ^^’ Cer­taines mutuelles peuvent rem­bour­ser une par­tie, il faut se ren­sei­gner.

    @Knah Tsaeb :
    (un flux de plus à suivre :) )
    J’ai tou­jours été hyper­sen­sible, mais je ne le savais pas. Plus jeune je ne m’é­cou­tais pas parce que je fai­sais comme tout le monde même si ça ne me conve­nait pas (tou­jours la crainte d’être exclu socia­le­ment, crainte qu’on a tou.te.s). Donc ça s’ac­cen­tue avec l’âge, en tout cas jus­qu’à qu’on en prenne plei­ne­ment conscience.

    @V0r4c3 :
    Ne t’ex­cuse pas de ton pavé, ça ne coûte pas plus cher !
    Inté­res­sant ta remarque que l’hy­per­sen­si­bi­li­té devrait être l’a­bou­tis­se­ment de l’être humain. Je te conseille la lec­ture de ce livre : https://amzn.to/2QkJhsr
    La pre­mière de cou­ver­ture est hor­rible mais le livre est pas­sion­nant. Il prend bien le temps de détailler cette idée jus­te­ment. Il explique que toute socié­té qui tient dans le temps est consti­tuée d’une part d’êtres moins sen­sibles (pour faire très très court, les “guer­riers” en quelque sorte), et d’une petite part (moins de 20% de la popu­la­tion) d’être “pen­sants” plus sen­sibles, qui freinent l’im­pul­si­vi­té des “guer­riers”. Le pré­sident est un guer­rier quand le Sénat est la tête pen­sante. Un monde rem­pli d’êtres sen­sibles ne fonc­tion­ne­rait pas non plus, il faut un équi­libre entre les deux. Actuel­le­ment le dan­ger vient jus­te­ment que nos États (je pense à la Rus­sie, aux USA, la Chine, la France…) court-cir­cuitent de plus en plus les têtes pen­santes. Bref si la ques­tion t’in­té­resse, prends le temps de lire ce livre, ça m’a fait com­prendre plein de choses. Mais je te rejoins com­plè­te­ment, et oui, les plus grands patrons et diri­geants ne sont jamais des hyper­sen­sibles, ça c’est clair, et sont mêmes plu­tôt des psy­cho­pathes au sens pre­mier du terme (pas des tueurs mais des gens qui res­sentent très peu d’é­mo­tions voire pas du tout).
    À pro­pos de la pré­co­ci­té, c’est encore un peu flou pour moi, mais ça désigne plus une façon de trai­ter l’in­for­ma­tion ou d’a­na­ly­ser notre envi­ron­ne­ment, que des résul­tats sco­laires etc. J’aime pas vrai­ment le mot “pré­coce” qui désigne plu­tôt un déve­lop­pe­ment plus rapide. Avant on uti­li­sait “surdoué.e”, qui est encore pire je crois, chacun.e est doué.e à sa façon dans son domaine.

  5. La dif­fi­cul­té est de trou­ver un psy qui soit com­pé­tent. Pour ma part à chaque fois que j’ai eu le cou­rage de fran­chir le pas, j’ai très vite tour­né les talons devant ces per­sonnes qui vou­laient me faire entrer dans un petite boite de ran­ge­ment avec une jolie éti­quette col­lée des­sus.
    J’ar­rive long­temps après l’ar­ticle, peu importe, écrire ce mes­sage va me faire du bien com­bien même il ne serait pas lu.
    Trou­ver les réac­tions et actions de la plu­part des gens absurdes, illo­giques, non pro­duc­tives, depuis tou­jours ? Check.
    Se sen­tir tota­le­ment alien au milieu des humains ? Check.
    Ne pas sup­por­ter le bruit, et d’une manière plus géné­rale le cha­hut plus de 5 mn, check.
    Et tout faire pour cacher ces dif­fé­rences, pour “s’a­dap­ter”, jusque se perdre tota­le­ment soi-même dans une vie qui n’est pas la sienne…, juste pour sur­vivre…
    Se “réveiller”, com­prendre son mode de fonc­tion­ne­ment des dizaines d’an­nées après l’en­fance ? Check.
    Sen­tir le gout amer du gâchis dans sa bouche ? Check.
    Se rele­ver, déci­der d’a­voir le DROIT d’exis­ter ? Check.
    Assu­mer les enga­ge­ments déjà pris lorsque je fai­sais sem­blant d’être “nor­mal” (enfants, mari, mai­son, etc.), puis, un jour pro­chain, VIVRE !
    Pas­ser dans le futur pour une per­sonne égoïste, bizarre, aso­ciale, etc. ? Mais avec une telle joie !

  6. Mer­ci pour ton témoi­gnage. Je viens de décou­vrir éga­le­ment mon hyper­sen­si­bi­li­té et je me deman­dais si cela était com­pa­tible avec le métier d’en­sei­gnant.
    Après avoir vadrouiller ici et là, je suis deve­nue ensei­gnante contrac­tuelle depuis trois ans et cela me plait beau­coup mis à part le bruit. J’ai beau­coup de mal à sup­por­ter le bruit des élèves. Ils sont bruyants!!! Com­ment t’en sort tu avec ça ?

  7. Cou­cou Lia, je crois que mal­heu­reu­se­ment tant que tu n’au­ras pas ta propre classe, avec tes propres règles, tu ne pour­ras pas résoudre le pro­blème du bruit… C’est beau­coup plus facile d’im­po­ser le silence quand on est la “vraie” mai­tresse de la classe…
    Après pour le reste, je n’hé­site plus à uti­li­ser des bou­chons d’o­reilles de qua­li­té, qui réduisent les dB sans empê­cher d’en­tendre. Au début ça per­turbe tout le monde, adulte comme enfant, mais après c’est comme tout les ques­tions s’ar­rêtent (“non, je n’ai pas de pb d’o­reilles”). Et c’est bien bien moins fati­guant, pour la pis­cine par exemple, ou cer­taines récrées… Par contre en classe, non bien évi­dem­ment.

  8. C’est tel­le­ment impor­tant pour les per­sonnes comme nous de ne pas se sen­tir seules. Cet article m’a fait un bien fou. J’ai 32 ans, j’au­rais aimé le décou­vrir pen­dant mon enfance, ça m’au­rait évi­té bien des souf­frances, mais main­te­nant que je le sais je peux enfin apprendre à me connaitre. J’ai déjà lu pas mal d’ar­ticles et de bou­quins à ce sujet, mais cet article est de loin un de ceux dans les­quels je me suis le plus recon­nue. Mer­ci, infi­ni­ment.

  9. @Sarah : avec très grand plai­sir ! On a le même âge.

  10. Bon­jour, je me recon­nais énor­mé­ment dans votre article. Mon métier est infir­mière, j’en ai fais un bur­nout suite aux condi­tions de tra­vail , aux horaires com­pli­qués et tout ce qui peut être offen­sant pour quel­qu’un d’hy­per­sen­sible. Je suis en quête de recon­ver­sion et me suis dit que le métier de pro­fes­seur des écoles était un bon com­pro­mis (rela­tion­nel, créa­ti­vi­té, horaires meilleures que dans le médi­cal). Je n’ai pas sau­té le pas pour le moment car les ins­crip­tions pour le Mas­ter ne sont pas tout de suite et j’ai­me­rais faire une immer­sion dans une école afin de m’as­su­rer que ce métier et fait pour moi.
    Au vu de votre article est ce que vous pou­vez me dire en quoi le métier cor­res­pond il a votre hyper­sen­si­bi­li­té avec les avan­tages et les incon­vé­nients ? Êtes vous épa­noui désor­mais ? Mer­ci par avance et mer­ci pour cet article.

  11. Bon­jour Coline,
    J’ai eu tra­vaillé un peu dans le médi­cal, en tant qu’ASH en hôpi­tal psy. Je n’y suis pas res­té long­temps, car confron­té à la détresse de cer­taines per­sonnes, c’est vite pesant. Mais ça a été révé­la­teur pour moi, me sen­tir utile pour des per­sonnes était bien plus moti­vant le matin que de se lever pour fabri­quer de la valeur finan­cière.
    Mais je pense qu’ef­fec­ti­ve­ment un hôpi­tal quel qu’il soit n’est pas la meilleure place pour un.e hyper­sen­sible.
    Pour prof des écoles, déjà il faut savoir qu’en est très vite en classe en obser­va­tion, voire même si le prof est cool on peut vite s’es­sayer à faire classe. Début octobre tu seras déjà en stage.
    Être prof des écoles est la meilleure chose qui me soit arri­vée pro­fes­sion­nel­le­ment. Je tra­vaille avec des CE1, et à cet âge on n’a pas tou­jours les mots pour décrire un pro­blème, un mal­heur, ou une émo­tion. Avec l’hy­per­sen­si­bi­li­té vient aus­si l’empathie, et elle est très utile avec des enfants, pour mettre des mots sur ce qu’ils res­sentent, pour les com­prendre, com­prendre la cause d’un pro­blème pour le résoudre au lieu de ne voir que sa consé­quence. Il y a une grand part de psy­cho­lo­gie dans ce métier, et pareil en tant qu’­hy­per­sen­sible on se débrouille pas trop mal dans ce domaine.
    Par contre, prendre les émo­tions de tout le monde, ain­si que de devoir gérer une classe d’en­fants, est très fati­guant. Il y a quelques années j’ai fini en arrêt de 2 mois tel­le­ment j’é­tais épui­sé, sans le voir venir. Aujourd’­hui je me gère mieux, je sais que je dois *beau­coup* dor­mir, depuis cette année j’ai le mer­cre­di de libre, je me sens beau­coup mieux. C’est donc un métier je pense adap­té par­ti­cu­liè­re­ment à nous, sous la condi­tion d’ac­cep­ter de chan­ger son rythme de vie, de dor­mir tôt, d’a­dap­ter sa classe pour qu’elle soit la plus silen­cieuse pos­sible, etc. Cela vient avec le temps, aujourd’­hui je suis tota­le­ment épa­noui dans mon métier et pour rien au monde je n’en chan­ge­rai. Il faut aus­si s’at­tendre à 55h de tra­vail heb­do­ma­daire (24h devant la classe), au moins les 3 pre­mières années dans le même niveau. Après tu peux enle­ver 10h. Mais 4 mois de vacances aus­si + mer­cre­di de libre.
    Ha oui et der­nière chose très agréable : tu fais ta classe comme tu veux, avec les méthodes que tu veux, sans per­sonne pour te dire quoi faire. Incon­vé­nients : la liber­té fait peur au début, on est per­du, mais ensuite en étant curieux.se et en tes­tant des trucs on fini par trou­ver ce qui nous convient, on gagne en effi­ca­ci­té, sans per­sonne pour venir nous faire chier. Mais c’est aus­si pour cela que c’est un métier chro­no­phage, y’au­ra per­sonne pour te dire d’ar­rê­ter de bos­ser, et on peut tou­jours faire mieux.

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