Bilan semaine du 25 Janvier

J’ar­rive un peu mieux à gérer mon temps de pré­pa­ra­tion de la classe. J’ai un peu plus de temps libre, je pré­vois sur le plus long terme et non plus uni­que­ment du jour au len­de­main. J’ai donc envie d’es­sayer de vous faire des petits rap­ports chaque semaine d’é­cole, his­toire que vous ima­gi­niez un peu plus le quo­ti­dien d’un prof de CE1. Je ne sais pas com­bien de temps je le ferai, j’es­père long­temps, mais comme je ne sais pas de quoi demain est fait, je pré­fère ne rien pro­mettre.

La semaine der­nière j’ai eu ma der­nière visite par la PEMF. Une “visite” c’est un joli mot pour dire que quel­qu’un vous observe pen­dant une mati­née entière au fond de la classe, et fait un rap­port sur vous qui vous per­met, ou non, d’être titu­la­ri­sé. Je suis visi­té par deux types de per­sonnes : les PEMF et les tuteurs ESPE. Le PEMF est le Pro­fes­seur des Écoles Maître For­ma­teur. C’est un prof de pri­maire, si pos­sible de votre niveau, qui est déchar­gé une jour­née par semaine pour rendre visite à des PES, Pro­fes­seur des Écoles Sta­giaire, c’est à dire moi, quel­qu’un qui vient d’a­voir son concours et doit être titu­la­ri­sé. Le rap­port du PEMF compte pour la titu­la­ri­sa­tion. Si son rap­port est bon, tout bon pour vous, dans le cas contraire, c’est galère. Le tuteur ESPE (nou­veau nom de l’IUFM) est quant à lui un prof de fac, qui n’est pas prof de pri­maire. Son rap­port ne sert à rien pour la titu­la­ri­sa­tion, c’est juste pour vous, pour avoir un autre avis. Tout ça pour dire que j’ai donc eu ma 3e visite du PEMF, la der­nière de l’an­née. Me reste plus qu’une visite du tuteur (lui vient deux fois dans l’an­née). Son rap­port était excellent :) Abso­lu­ment rien à me repro­cher, tout était par­fait, j’ai eu les féli­ci­ta­tions, et c’est super rare :) Donc je suis très bien par­ti pour la titu­la­ri­sa­tion !

Pour rap­pel j’ai une classe de 20 élèves de CE1, dans un éta­blis­se­ment clas­sé REP et bien­tôt REP+ (éta­blis­se­ment dif­fi­cile, brrr ça fait peur).

Sinon un bilan au jour le jour :

Lun­di 25 :

6 élèves sur 20 ont échoué à l’exa­men du savoir nager. Les élèves doivent nager 15m, et 6 ont échoué. Pas très grave, ils repren­dront l’an­née pro­chaine, mais comme quoi c’est loin d’être évident comme exa­men. Fini la pis­cine pour cette année !

J’ai fait une infor­ma­tion pré­oc­cu­pante pour un élève, M. M se fait frap­per à coups de câbles sur les cuisses et il est puni de repas le soir s’il ramène des mau­vaises notes… Je l’ai envoyé chez la direc­trice (hors de ques­tion que je regarde ses cuisses). Les traces sont avé­rées, il a même des cica­trices… J’ai deman­dé à voir ses parents dans son cahier de liai­son, mais il a subi­te­ment dis­pa­ru. J’ai dit à M. que s’il ne retrou­vait pas son cahier de liai­son, je serai obli­gé d’ap­pe­ler ses parents. Gageons que le car­net de liai­son va réap­pa­raître. Jeu­di der­nier à la dic­tée, je l’ai sur­pris avec le cahier de textes sur les genoux, avec les mots écrits cor­rec­te­ment… Pour évi­ter la mau­vaise note. J’ai­me­rais rap­pe­ler à ses parents qu’il faut qu’ils signent le cahier du jour et le cahier de liai­son, et tâter un peu le ter­rain entre M et ses parents. Chaud.

Mer­cre­di 27 :

En anglais je leur ai pro­je­té We’re Going On A Bear Hunt. Ce sera un tra­vail de plu­sieurs séances. Le voca­bu­laire n’est pas tou­jours facile, je ne leur demande pas de tout com­prendre de toute manière. On a chan­té, répé­té, fait les gestes. Ça a bien plu :)

Michael Rosen We’re Going On A Bear Hunt — Kids’ Poems and Sto­ries With Michael Rosen
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C’est tou­jours galère pour pro­je­ter : il faut aller cher­cher un écran dans une salle, une ral­longe dans une autre, le pro­jec­teur dans le bureau de la direc­trice ain­si que les enceintes. Pro­jec­teur et enceintes que j’ai fait ache­ter en début d’an­née, quand l’é­cole vou­lait mettre 900€ pour la même chose, j’ai dit STOP et je m’en suis occu­pé. Pas demain qu’on sera équi­pé de tableaux inter­ac­tifs, alors qu’on est cen­sé en être tous équi­pé (REP). Ce matin per­sonne ne se ser­vait du pro­jec­teur, j’ai donc pu m’en ser­vir.

Exer­cice de conju­gai­son, sur les verbes avoir et être. Der­nière ques­tion, écris une phrase avec as et une autre avec a. Je vous laisse juger :

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Mes élèves sont des poètes !

Jeu­di 28 :

Jour­née éprou­vante.

J’ai eu une idée de folie, qui a fait pleu­rer 1/3 des gamins dans la classe… Écri­ture d’in­ven­tion, ils ont des images et doivent inven­ter une his­toire. Une fois l’his­toire écrite, ils doivent se cor­ri­ger. S’ils savent qu’un mot est mal écrit mais qu’ils ne savent pas com­ment l’é­crire, ils l’en­tourent. Un mot faux et non entou­ré fait perdre un point à chaque fois. Ils partent avec 10 points, le but est d’a­voir le meilleur score pos­sible. Un mot faux et entou­ré ne fait évi­dem­ment pas perdre de points. Après un mot juste et entou­ré fait aus­si perdre un point, mer­ci les petits malins.

Et bien ça a pleu­ré ! Les élèves se sont tel­le­ment pris dans la com­pé­ti­tion, que quand des scores de 3/10 tom­baient et qu’ils com­pre­naient qu’ils n’al­laient pas gagner, gros, GROS cha­grin. Je me suis retrou­vé à devoir conso­ler un tiers de la classe… Super.

Mal­gré tout je ne laisse pas tom­ber cette idée, car un “mau­vais” élève peut avoir un très bon score, ce sys­tème de score per­met d’a­voir un sui­vi de l’é­lève pour valo­ri­ser ses pro­grès*, et cela leur per­met d’a­voir un regard objec­tif sur leur tra­vail, tout en s’au­toé­va­luant presque.

*oui, recon­naître ses erreurs est un pro­grès, c’est la pre­mière étape avant de pou­voir se cor­ri­ger. Repé­rer ses erreurs s’ap­prend. Écrire cor­rec­te­ment vien­dra plus tard, pas en CE1 en tout cas.

Bref on ver­ra ce que cela donne au long terme ! Après, dans leur cahier du jour, ils doivent évi­dem­ment reco­pier sans erreurs leur pro­duc­tion cor­ri­gée. Copier sans erreurs est atten­du au CE1, afin de pou­voir copier les leçons du cycle 3. Pour les faire arrê­ter de pleu­rer, j’ai du pro­mettre que s’ils copiaient sans erreur ils pou­vaient rega­gner les points per­dus ! Tout bénef pour moi car cela les force à s’ap­pli­quer. Ils sont vrai­ment petits encore.

Un élève, E, a balan­cé une insulte raciste à sa voi­sine, du genre elle sent le caca elle en a plein sur elle. La petite est venue se plaindre. Là, c’est com­pli­qué : la petite attend répa­ra­tion, et il faut pas­ser l’en­vie au cou­pable de recom­men­cer. Le racisme étant quelque chose qui me tient vrai­ment à coeur, j’ai vrai­ment été en colère sur ce coup. Un prof ne doit jamais être en colère, ça ne sert à rien. Il peut faire sem­blant d’être en colère, mais ne pas l’être réel­le­ment, sinon on dit des conne­ries. Et là, vous ne savez pas quoi dire. Il ne faut pas bles­ser la petite encore plus, il faut trou­ver les mots justes. Et là, pris au dépour­vu, ce n’est pas évident. J’ai gueu­lé un peu fort et un peu ‑trop- long­temps, j’ai mer­dé un peu. J’ai fait peur à quelques élèves, qui venaient s’ex­cu­ser eux-mêmes à la place de E… Là on se dit merde, on est allé un peu loin. On explique que l’on n’est pas en colère contre eux, on explique sa bêtise. Il faut savoir que E est un élève très dif­fi­cile, qui se braque pour un rien, qui n’a pas de cadre à la mai­son. Il a envoyé voler toute sa table, et allait essayer de démo­lir la porte. Là, faut gérer le gamin, sans le tou­cher. Mais on y arrive. Le péri­sco­laire frappe à la porte, je suis en retard pour la sor­tie. Avec ces conne­ries j’ai per­du 15 minutes, je n’ai pas pu finir le tra­vail. Pas GG. Évi­dem­ment E a conti­nué à faire chier, il ne vou­lait pas sor­tir de la classe, et je ne peux pas me per­mettre de le lais­ser sans sur­veillance. Résul­tat 10 minutes de retard à la sor­tie, des parents qui râlent.

Main­te­nant il est 19h10, j’ai ter­mi­né les cor­rec­tions, je dois rem­plir les fiches APC (aide com­plé­men­taire) pour les élèves dans le besoin pour tra­vailler avec moi le jeu­di entre midi et deux, et sur­tout finir ma jour­née de demain. On va faire des expé­riences avec de l’eau (ça coule ou ça flotte ?), j’es­père que ça va aller.

Ven­dre­di 29 :

Meilleure jour­née. Lutte le matin, c’est tou­jours fun. Juste inter­dit à 3 élèves de pra­ti­quer car ils n’a­vaient pas leur tenue. Sui­vi d’une leçon de conju­gai­son (les verbes venir, faire, aller et dire au pré­sent), numé­ra­tion, poé­sie, numé­ra­tion, et de l’ex­pé­ri­men­ta­tion en sciences sur le sujet “ça coule ou ça flotte ?”. On a tes­té la flot­tai­son du fer, du bois, de cailloux, en fai­sant varier la forme, la taille, le poids. C’é­tait inté­res­sant, les élèves ont été impli­qués et concen­trés, c’é­tait nickel :)

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Puis à 16h groupe blog avec une dizaine de CM1/CM2. Tou­jours fati­guant, ils sont plus grands, ont l’im­pres­sion que ce temps facul­ta­tif est un peu un moment pour faire la fête et les fous. On relâche un peu le cadre, on rigole bien, tout en res­tant ferme. Ça per­met aus­si de dis­cu­ter un peu avec eux, mieux les connaître. Ils jouent tous à PES sur Play 4, ils ne font rien d’autres.

Là il me reste à ran­ger, trier et cie, faire le point pour la semaine pro­chaine, mettre les articles des élèves en ligne (les cor­ri­ger aupa­ra­vant, etc). Pas fini encore. Après je rentre.

Ha oui, E m’a encore fait une grosse crise. Mais limite du genre crise d’hys­té­rie. Il secouait dans tous les sens, se fai­sait mal, fai­sait mal aux autres. J’ai du lui blo­quer les bras pour qu’il se calme, mais il était tel­le­ment deve­nu fou qu’il arri­vait à se débattre, j’ai du faire le flic à le pla­quer au sol mon genou entre les épaules, le temps qu’il reprenne ses esprits. Je trouve cet acte extrê­me­ment cho­quant et violent, mais il FALLAIT que je l’empêche de se bles­ser ou de bles­ser les autres. Il devient com­pli­qué à gérer. Il refuse caté­go­ri­que­ment le moindre refus et se braque très, très vite. Je l’ai envoyé chez la direc­trice (com­prendre par là que je demande à une col­lègue de gar­der ma classe pen­dant que je le porte à l’é­tage infé­rieur), il a essayé de se sau­ver, la direc­trice qui lui court après, qui siffle les adultes sur son che­min pour l’at­tra­per… Moi je suis encore en mode “je suis chaud là”, je reprends mes esprits, j’es­saie de ne pas en faire une affaire per­son­nelle, je fais des­cendre l’a­dré­na­line qui est bien là, je retrouve ma classe, on des­cend, j’ai plus de 10 minutes de retard, les parents qui me tombent des­sus. Je ne peux pas expli­quer ce qu’il se passe, juste un bref “un sou­cis avec un élève”, mais parents, sachez que quand on des­cend en retard, ce n’est JAMAIS par choix, on ne peut pas lou­per l’heure, les enfants sont bruyants dans les cou­loirs, nos élèves sont très vite agi­tés, bref on le voit. Si on est en retard, c’est que l’on a un vrai sou­cis. Je com­prends que ça vous met en retard, mais quand votre gamin vous met en retard le matin, n’ou­bliez pas que nous, on en a 30.

Fin de la semaine du 25 Jan­vier !

Bon WE à tous, moi je vais aller dor­mir.

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2 comments

  1. Du coup je l’ai lu, mais j’ai pas com­men­té :P
    Article très sym­pa et concret, prof c’est vrai­ment pas pour tout le monde c’est clair mais je suis content de voir qu’à toi ça te plaît !
    En atten­dant le pro­chaine épi­sode ;)

    NB : Sym­pa le nou­veau thème !

  2. Ça n’at­ten­dait pas for­cé­ment un com­men­taire, pas de sou­cis !
    :)

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