Inauguration du Mémorial International de Notre-Dame-de-Lorette

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J’é­tais pas­sé à côté (les actua­li­tés et moi…), mais mar­di 11 Novembre der­nier F. Hol­lande a inau­gu­ré un mémo­rial aux morts de la 1ère Guerre Mon­diale. 580 000 noms de sol­dats y sont ins­crits, par ordre alpha­bé­tique. Pas de clas­se­ment par hié­rar­chie, pas de clas­se­ment par natio­na­li­té.

Là où c’est très inté­res­sant, c’est qu’il y a des noms anglais, fran­çais, etc, mais aus­si alle­mands mélan­gés ensemble. Je trouve la sym­bo­lique vrai­ment très fort. Pour la pre­mière fois, on rem­place la mémoire de guerre consti­tuée de lieux, de noms de géné­raux, par sim­ple­ment les hommes. Tous les hommes. L’en­ne­mi, le boche, le chleu, devient un homme, un alle­mand, il a un nom. Il a fal­lut 100 ans pour en arri­ver là. C’est un gros effort de la part de la France, qui rap­pe­lons-le, s’est faite enva­hir, elle n’a pas lan­cé la guerre. C’est tou­jours le gagnant qui écrit l’His­toire, et là, la France rap­pelle qu’il y a eu aus­si des alle­mands morts, des familles alle­mandes déchi­rées par la guerre, comme les familles fran­çaises.

C’est un très fort sym­bole de paix, et autant je ne cau­tionne pas spé­cia­le­ment les actions d’Hol­lande habi­tuel­le­ment, autant là, je suis fier d’a­voir comme pré­sident cet homme.

Sur­tout qu’en vou­loir indé­fi­ni­ment à un pays, que ce soit pour la 1ère Guerre Mon­diale ou la 2è, n’a pas de sens. Il est facile de cri­ti­quer les choix d’un pays, quand évi­dem­ment on connaît l’is­su de ces déci­sions. A l’é­poque, dans le contexte, ces choix devaient être bien com­pli­qués à prendre. Les déci­deurs de la 1ère GM n’a­vaient aucune idée de la tour­nure qu’al­laient prendre les évé­ne­ments, ils avaient encore dans les mémoires l’an­cienne guerre qui avait du faire 10 000 morts. Les alle­mands qui ont cau­tion­né Hit­ler début des années 1930 ou les russes avec Sta­line n’a­vaient aucun moyen de savoir que ce diri­geant allait deve­nir un dic­ta­teur, abso­lu­ment aucun. Ils étaient en crise, et cher­chaient un héros (faites l’a­na­lo­gie entre la décep­tion des fran­çais avec Hol­lande qui n’a rien d’un héros, et Le Pen, bien plus cha­ris­ma­tique).

L’a­van­tage actuel­le­ment, c’est qu’on ne peut plus repar­tir en guerre. Les guerres du XXè siècle étaient des guerres entre les démo­cra­ties (la France), et les régimes “tota­li­taires” (je mets entre guille­mets, car ce mot a été inven­té à la fin de la 2d GM) : l’Es­pagne, l’Al­le­magne, l’I­ta­lie, etc. Aujourd’­hui, tout le monde est en démo­cra­tie (plus ou moins je vous l’ac­corde, mais beau­coup plus qu’en 1930 en tout cas !). Tous les pays ont besoin des autres, à com­men­cer pour le com­merce. Le voi­sin n’est plus un enne­mi mais un allié. Sans comp­ter la bombe ato­mique, qui fait tel­le­ment peur, mais c’est son but. Sans elle, une 3è GM aurait écla­té entre les Etats Unis et l’URSS, c’est évident. Le cli­mat est beau­coup moins ten­du actuel­le­ment qu’en 1960/1970. De même, mal­gré tout, je ne pense pas que l’Homme aime faire la guerre pour le plai­sir. Sur­tout avec la 2d GM, qui a repous­sé plus loin le grand n’im­porte quoi : on ne tue plus le sol­dat, mais le civil. On tue l’han­di­ca­pé, l’ho­mo­sexuel, le juif. Du grand délire.

La seule menace poten­tielle qui pour­rait nous tom­ber des­sus serait vis à vis des ter­ro­ristes. Remar­quez comme ter­ro­ristes rime avec boche. On parle de qui ici ? D’un enne­mi, mais pas d’hommes. Mais encore, j’ai des doutes. Autant ils savent faire dans le spec­ta­cu­laire (le 11 Sep­tembre, ça a bien mar­qué), autant ils ne sont pas malins, dans le sens qu’ils font exac­te­ment ce qui choque l’o­pi­nion occi­den­tale (déca­pi­ta­tions, viols, etc). S’ils veulent vrai­ment occu­per l’Eu­rope ou je ne sais quoi d’un peu gros, ils n’y arri­ve­ront pas seuls et devront se faire des alliés. Et à l’heure actuelle, per­sonne ne les cau­tionne. Bref ils ont encore du che­min à faire. Sans comp­ter qu’il y a eu beau­coup plus de guerres/morts entre 1945 et 1989 que 1989 à nos jours, n’en déplaisent aux médias.

Tout ça pour dire que je trouve qu’on a de la chance de vivre à notre époque. Socié­té de consom­ma­tion, médias tous­sa, mais moi per­son­nel­le­ment, je m’y sens bien. On se sent en sécu­ri­té, on n’a pas peur pour la vie de nos enfants, on peut man­ger à notre faim, à peu près tout le monde, on a des occu­pa­tions. Certes la paix est tou­jours fra­gile, mais elle n’a jamais été aus­si forte qu’ac­tuel­le­ment.