Le CSP veut en finir avec les concours de recrutement d’enseignants

Adieu les concours ? Sai­si en 2021 d’une lettre de mis­sion sur la for­ma­tion et le recru­te­ment des ensei­gnants, le Conseil supé­rieur des pro­grammes rend un « avis » qui recom­mande la sup­pres­sion des concours et leur rem­pla­ce­ment par une liste d’aptitude régio­nale ou leur réduc­tion à des épreuves orales. Après la Cour des Comptes, c’est un…

Source : Le CSP veut en finir avec les concours de recru­te­ment d’en­sei­gnants

Waouh..

Donc si je résume, y’a plus assez de profs qui se pré­sentent au concours, donc on est obli­gé de prendre tout le monde, même si t’as 04/20 (aca­dé­mie de Ver­sailles par exemple). Le concours ne signi­fiant plus rien, sup­pri­mons-le ! Pour­quoi s’embêter avec ça ?

Il est vrai que pour qu’un concours soit effi­cace, il faut un mini­mum de can­di­dats, pour ne gar­der que les meilleurs.

Prendre comme argu­ment qu’il n’y a plus assez de profs qui se pré­sentent, pour sup­pri­mer le concours, et de fac­to le sta­tut de fonc­tion­naire, pour n’a­voir que des profs 100% sous contrat, à l’ins­tar du pri­vé, et jus­ti­fie­ra donc de payer encore plus une misère les profs, qui pour­ront de toute manière tour­ner sur les postes façon Pôle Emploi, c’est vrai­ment à vomir.

Ce n’est pas mon sta­tut que je veux pro­té­ger, mais dénon­cer à quel point l’é­cole publique fonce dans un mur, un mur com­plè­te­ment évi­table.

Aujourd’­hui, je m’in­quiète réel­le­ment sur l’é­cole publique, répu­bli­caine, l’é­cole de Jules Fer­ry, une école laïque, gra­tuite et obli­ga­toire. Une école qui forme les enfants à deve­nir de futurs citoyens, sans dis­tinc­tion ni dis­cri­mi­na­tion.

Cette école là va être ter­mi­née.

L’é­cole publique devien­dra de plus en plus une pou­belle, avec des profs non for­més, qui ne pas­se­ront plus aucun exa­men écrit, pris sur le tas. Les familles avec des moyens met­tront leurs enfants dans le pri­vé, pri­vé qui reçoit déjà aujourd’­hui des sub­ven­tions publiques. Ne res­te­ra à l’é­cole publique que ceux dont les parents ne peuvent pas payer l’é­cole, ou des parents non concer­nés par cette pro­blé­ma­tique (le genre de parents dont l’é­du­ca­tion n’est pas une prio­ri­té). Une école à deux niveaux. Une école libé­rale.

Je m’in­quiète pour l’a­ve­nir de la France. Je m’in­quiète pour l’a­ve­nir de ce pays que j’aime. Je m’in­quiète pour la perte de valeurs que je pen­sais inébran­lables. L’é­du­ca­tion fait tout dans un pays. C’est la pre­mière marche d’une construc­tion citoyenne. Bâcler l’é­du­ca­tion est la porte ouverte à tout un tas de pro­blèmes plus tard. L’é­du­ca­tion n’est pas et ne doit pas être ren­table. Uti­li­ser une logique d’en­tre­prise capi­ta­liste dans l’é­du­ca­tion, c’est n’a­voir rien com­pris à ce qu’est un ser­vice public. Un ser­vice public n’est pas ren­table et n’au­ra jamais voca­tion à être ren­table : l’é­cole, mais aus­si le soin, les secours, etc. D’où la néces­si­té des impôts.

Le gou­ver­ne­ment actuel fait beau­coup de mal. Du mal dès aujourd’­hui, mais il lais­se­ra des traces indé­lé­biles pour le futur.

Il existe une solu­tion simple pour amé­lio­rer l’at­trac­ti­vi­té du métier.

Voi­ci le coeur du pro­blème :

Il s’a­git des profs des col­lèges, mais c’est glo­ba­le­ment iden­tique pour un prof des écoles, et le noeud du pro­blème est simi­laire.

En n’aug­men­tant pas les paies, en ne sui­vant pas l’in­fla­tion, les profs se retrouvent avec une paie de plus en plus faible.

En 1980, un prof débu­tait avec 2,3x le SMIC. En 2020, avec un bac+5, le prof n’a plus que 1,2x le SMIC. Le gou­ver­ne­ment est en fait com­plè­te­ment res­pon­sable de la situa­tion actuelle.

Cela fait main­te­nant 9 ans que je suis dans le métier. Un rapide cal­cul en croix m’in­dique que je gagne 1,35 fois le SMIC. Cela se passe de com­men­taire.

2,3x le SMIC, c’est aujourd’­hui une paie net pour un débu­tant de 3100€. Payez 3000€ un débu­tant, vous ver­rez que vous aurez du monde aux concours.

Est-ce que c’est pareil chez nos voi­sins ? Voi­là un autre gra­phique édi­fiant.

Le gou­ver­ne­ment NE VEUT PAS pro­té­ger l’é­cole, il fera tout pour la détruire, tout comme l’hô­pi­tal, comme notre sys­tème de sécu­ri­té sociale, comme nos retraites. Un gou­ver­ne­ment qui détruit le ser­vice public qui fonc­tion­nait à une époque pas si loin­taine, devrait être qua­li­fié de ter­ro­riste. Un gou­ver­ne­ment qui agit dans son propre inté­rêt et non dans l’in­té­rêt de son peuple, de ses citoyens, devrait être déchu de ses fonc­tions.

L’a­ve­nir s’an­nonce sombre. J’ai mal à ma France.

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5 comments

  1. C’est glo­ba­le­ment la même chose avec le reste des ser­vices publiques et leur équi­va­lences pri­vées :
    — Hôpi­tal / Cli­nique
    — Sécu­ri­té sociale / Mutuelle
    etc.

    Le public devient un poids lourd qu’ils ne veulent pas payer (à part les salaires et avan­tages des fonc­tion­naires qui votent les lois évi­dem­ment) et laissent les enti­tés pri­vées prendre les parts en lais­sant l’a­van­tage aux plus riches qui pour­ront se payer tout ça.

    C’est triste mais ce n’est pas récent, juste qu’on pen­sait l’é­du­ca­tion intou­chable pen­dant long­temps…

  2. Haute tra­hi­son serait plus juste, pour les actions de ces der­nières années sur les ins­ti­tu­tions publiques.

  3. Je vous rejoins dans votre ana­lyse.
    Mon com­men­taire concerne une faute d’or­tho­graphe que vous faites à pro­pos de
    “ser­vice publique”…
    Il s’a­git d’un nom au mas­cu­lin, et doit donc s’or­tho­gra­phier : ser­vice public.

    Mer­ci à vous

  4. Mer­ci Alla­din je cor­rige de suite !

  5. Je t en prie cher col­lègue, et bonne fin de vacances

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